Casser les mythes — Est-il préférable d’élever les poules à l’intérieur?
Bien-être des animauxMythe : Il est préférable d’élever les poules à l’extérieur, comme le faisaient autrefois les agriculteurs.
Cassons le mythe : La vérité, c’est qu’élever les poules à l’intérieur est meilleur pour les volailles comme pour les consommateurs, qui veulent des œufs sains et nutritifs.
Lorsque Joe Hudson, cofondateur des Fermes Burnbrae, a commencé à élever de nombreuses poules et à vendre leurs œufs dans les années 1940, toutes ses volailles étaient élevées en plein air, du moins pendant les mois les plus doux. C’était la norme à l’époque. Mais bien vite, lui et d’autres producteurs d’œufs ont réalisé que la vie d’une poule élevée à l’extérieur n’était pas idéale.
De nombreux défis liés à l’élevage des poules à l’extérieur dans les années 1940 subsistent encore aujourd’hui. Les poules risquent davantage de tomber malades ou de mourir lorsqu’elles sont élevées en plein air en raison des conditions météorologiques extrêmes du Canada, des prédateurs naturels comme les renards, les visons et les ratons laveurs, et des menaces de maladies endémiques.
Si les poules pondent leurs œufs à l’extérieur, il y a plus de chances qu’ils soient endommagés ou même perdus. Cela peut également poser des difficultés en ce qui a trait à la salubrité des aliments en raison du risque accru de fêlure et de souillure par la saleté et le fumier.
Les oiseaux sauvages représentent également une menace très sérieuse pour la santé, car ils peuvent être porteurs de la grippe aviaire, entre autres agents pathogènes dangereux. Les rongeurs peuvent aussi être porteurs de maladies causées, par exemple, par les bactéries E. coli et Salmonella . Par conséquent, l’élevage des poules en plein air augmente la probabilité qu’elles contractent l’une des maladies mortelles dont sont porteurs les animaux sauvages et qu’ils transmettent.
Au fil des ans, la famille Hudson a commencé à construire des poulaillers aménagés expressément pour élever les poules à l’intérieur, en se fondant sur les dernières découvertes en sciences avicoles et les meilleures pratiques. Ces poulaillers offrent un environnement plus sain (pour les poules et pour nous), plus sûr (c’est-à-dire sans prédateurs) et plus confortable (climat contrôlé), et permettent aux poules de pondre toute l’année.
Premiers systèmes de logement à l’intérieur
L’un des systèmes de logement qui s’est popularisé durant l’après-guerre est le logement conventionnel. Logées dans de petits espaces clos par groupes de cinq ou six, les poules pouvaient facilement être surveillées et soignées par les producteurs et les vétérinaires; elles avaient accès à la nourriture et à l’eau en permanence et étaient généralement en meilleure santé que celles élevées en plein air.
Puisque les groupes sociaux étaient plus petits, les poules n’étaient pas aussi agressives parce qu’elles pouvaient établir rapidement la hiérarchie naturelle de dominance et la maintenir facilement. En outre, la consommation des œufs pondus dans ces poulaillers était encore plus sécuritaire. Comme le plancher était légèrement incliné, les œufs roulaient et étaient recueillis sur des convoyeurs propres, secs et exempts de fumier.
Bien que l’élevage conventionnel ait joué un rôle important dans la croissance de l’industrie ovocole canadienne après la Seconde Guerre mondiale, en garantissant la propreté des œufs et la santé des poules, les milieux d’élevage ont continué à évoluer au fur et à mesure que nous en apprenions davantage sur ce dont les poules ont besoin pour que leur bien-être soit assuré. Par conséquent, l’ensemble des producteurs d’œufs canadiens a décidé d’éliminer progressivement ce type de logement d’ici 2036 .
En tant que personne qui se passionne pour le comportement des volailles, je peux vous dire que les poules aiment être à l’abri. Cela fait en sorte qu’elles se sentent plus en sécurité. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que, lorsque les poules élevées à l’intérieur ont régulièrement accès à l’extérieur, la majorité d’entre elles choisissent de rester à l’intérieur. Celles qui s’aventurent à l’extérieur s’éloignent peu des entrées du poulailler et ne restent pas dehors longtemps. Connaissez-vous l’histoire de Henny Penny? Les poules semblent vraiment penser que le ciel leur tombera sur la tête si elles vont à l’extérieur. Elles sont vraiment des « poules mouillées »!
L’élevage des poules à l’intérieur de nos jours
L’engagement des Fermes Burnbrae à l’égard des soins aux animaux reste aussi fort aujourd’hui qu’il l’était il y a plus de 80 ans, lorsque Joe Hudson a fondé la ferme avicole familiale. Nous continuons à améliorer nos procédés en tenant compte des dernières recherches en matière de logement – ainsi que de nos propres expériences au quotidien – afin de nous assurer que nous respectons les normes les plus élevées en matière de soins aux animaux, quel que soit le type de logement. Toutes nos volailles ont accès en permanence à des aliments nutritifs et à de l’eau, et sont surveillées quotidiennement par des préposés aux soins aux animaux qualifiés.
Nous avons également à cœur d’offrir un choix aux consommateurs à l’épicerie. C’est pourquoi nous proposons des œufs de poules élevées dans différents types de logements. Maintenant que vous savez en quoi consiste l’élevage conventionnel, voici un aperçu de deux autres milieux d’élevage intérieurs : l’élevage en colonie enrichie et l’élevage en liberté.
L’élevage en colonie enrichie présente de nombreux avantages pour les poules, les préposés aux soins aux animaux, les consommateurs et notre environnement. Ce type de logement moderne est de plus en plus répandu, et ce, à juste titre. Les poulaillers d’élevage en colonie enrichie sont constitués d’enclos plus grands pouvant accueillir des groupes de 16 à 60 poules. On y retrouve des aménagements comme des perchoirs surélevés, des aires de nidification fermées, et des grattoirs, qui permettent aux poules d’adopter des comportements instinctifs comme jucher, faire leur nid et prendre des bains de poussière. Les œufs sont plus propres puisqu’ils roulent des nids jusqu’à des bandes transporteuses ou sont ramassés à la main. Il est également plus simple pour les préposés aux soins aux animaux et les vétérinaires de surveiller l’état de santé des poules, car il est plus facile de les distinguer et d’observer leur état. L’environnement est aussi de meilleure qualité pour les travailleurs avicoles, puisqu’il y a moins de poussière et d’ammoniac provenant du fumier. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que l’élevage en colonie enrichie a une empreinte carbone plus faible que l’élevage en liberté. Les œufs provenant de ce type d’élevage sont également plus abordables, car il est plus simple de s’occuper des poules qui ont une meilleure qualité de vie.
Les poulaillers où l’on pratique ce que nous appelons l’élevage en liberté au Canada, ou « élevage sans cage » dans d’autres pays, ressemblent souvent à des structures d’escalade à plusieurs niveaux pour les poules. Dans ces poulaillers, les poules peuvent passer d’un niveau à l’autre en montant des rampes ou même en effectuant de courts vols, mais elles sont loin d’être gracieuses et peuvent se blesser accidentellement en le faisant. Ces poulaillers à aire ouverte sont équipés de nids et de perchoirs sur plusieurs niveaux. Le plancher est fait de lattes ou de terre et de paille, que les poules utilisent pour exprimer pleinement leurs comportements qui consistent à chercher de la nourriture et à prendre des bains de poussière. Cependant, les volières présentent également des inconvénients. La poussière et l’ammoniac présents dans l’air peuvent nuire à sa qualité pour les poules comme pour les travailleurs avicoles. Élever les poules en groupes sociaux aussi importants peut aussi faire en sorte qu’elles adoptent des comportements problématiques qui mettent en péril leur santé, comme le picage, alors plus susceptible de se produire et plus difficile à gérer. En outre, comme les poules sont en contact direct avec leur fumier, le risque d’éclosions de maladies est plus élevé. Ainsi, même si les poules élevées en liberté sont, par définition, plus « libres » que celles élevées en cage, elles sont également plus exposées aux blessures et aux maladies.
Le Conseil national pour les soins aux animaux d’élevage (CNSAE) a mis en place un processus rigoureux d’élaboration de codes, qui a été utilisé pour mettre au point les codes de pratiques pour la plupart des espèces d’animaux d’élevage au Canada. C’est ainsi qu’un comité d’experts en bien-être animal et en volaille a élaboré une nouvelle norme nationale pour les poulettes (jeunes poules) et les poules pondeuses en 2017. Le comité chargé de l’élaboration du code s’est appuyé sur les meilleures données scientifiques disponibles dans le domaine avicole pour créer cette nouvelle norme en matière de logement, qui comprend des exigences précises pour l’élevage en colonie enrichie, en liberté et en parcours libre, afin de répondre aux besoins des poules. Le processus du CNSAE prévoit que le code est revu tous les cinq ans et obligatoirement révisé tous les dix ans afin de refléter l’évolution de nos connaissances en sciences avicoles.
Un engagement qui traverse les générations
Il y a beaucoup de choses à prendre en considération lorsqu’on évalue les avantages et les inconvénients de chaque type d’élevage, mais vous pouvez être certains qu’aux Fermes Burnbrae, chaque poule reçoit tous les jours les meilleurs soins possibles de la part de notre personnel, guidé par des normes fondées sur la science et une volonté d’amélioration continue.
En réalité, l’élevage des poules à l’intérieur présente de nombreux avantages, notamment lorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité, la protection et la santé des volailles. Des poules en bonne santé sont synonymes de produits sains et nutritifs pour les amateurs d’œufs du Canada.
Dr. Michelle Hunniford
Spécialiste nationale des soins aux animaux